55ème Commission de la Femme à l’ONU, New York : accès des filles à l’éducation, santé maternelle… Récit d’une journée au cœur des débats

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26 février 2011

Le siège des Nations Unies est en ébullition cette semaine : plus de 1000 membres d’organisations non-gouvernementales (ONG), diplomates et journalistes arpentent les couloirs du siège de l’ONU à New York en pleine rénovation. Phénomène peu courant au quotidien de cette institution mais annuel : pendant deux semaines, la Commission sur le Statut de la Femme (Commission on the Status of Women – CSW en anglais) bat son plein. Beaucoup de femmes sont présentes, certaines plus jeunes que d’autres : récit de la délégation d’une ONG internationale pas comme les autres, celle de la World Youth Alliance (Alliance Mondiale de la Jeunesse – WYA en anglais).

La CSW est l’événement annuel au cours duquel la communauté internationale évalue les progrès réalisés depuis la conférence de l’ONU sur les femmes communément appelée « Pékin » et celles précédentes.

Son travail se concentre exclusivement sur les questions de l’égalité des genres et de l’avancement des femmes. Cette commission existe depuis 1946. Elle prépare des évaluations des progrès accomplis en la matière, identifie les problèmes et rédige des recommandations pour faire la promotion de l’égalité des genres dans le monde entier. Cette commission fait l’objet d’une attention particulière de la part des jeunes de la WYA. Les représentants de la WYA du bureau de New York participent en ce moment à la 55ème session de la Commission de la Condition de la Femme, qui se poursuit jusque vendredi 4 mars. Le thème de cette année est l’éducation des femmes et des filles et l’accès à un emploi décent. La conférence est animée pour la première année par la nouvelle agence des nations unies, « UN-Women », créée l’année dernière et présidée par l’ancienne présidente du Chili Mme Bachelet.

Il est 8 h30 le matin et l’équipe formée de jeunes de Taiwan, Espagne, France et des Etats-Unis se prépare pour une journée intense. Deux d’entre eux restent en poste au siège afin de rédiger les « Esperanzas », le journal quotidien de la WYA qu’ils publient pour alerter les délégués sur les sujets qui touchent les jeunes à travers le monde et donner leur avis et recherches de terrain. Pendant ce temps, le reste de l’équipe se met en route une journée à arpenter les couloirs de l’ONU et à diffuser les « Esperanzas » préparés la veille. Pendant ce temps, Comme lors de toute commission de la CSW, les ONG participantes sont très nombreuses et accompagnées d’impressionnants groupes de jeunes femmes dévouées à la condition de la femme. Tellement nombreuses que seul un participant par ONG est admis au balcon de l’Assemblée générale le premier jour. Le quotidien est rythmé d’événements thématiques organisés par les missions permanentes et ONG présentes dans les bâtiments de l’ONU ou dans les environs.

Au cours de la journée, outre les discours des ambassadeurs et ministres venus de chaque pays, les représentants de la WYA participent aux diverses sessions et rencontres organisées autour de cette thématique, en prêtant une oreille attentive aux diverses questions et enjeux des politiques mondiales en faveur de la femme. La WYA a assisté par exemple à la présentation organisée conjointement par la mission observatrice du Saint Siège et la représentation permanente de Sainte Lucie, ile des Caraïbes, sur le thème de l’ « Avancement du bien-être des Femmes et Enfants ». L’un des sujets du jour est le « cyber bullying » soit le phénomène grandissant du harcèlement dont sont victimes les jeunes, et une majorité de filles via les plateformes sociales en ligne que sont Facebook et autres. Selon les statistiques américaines, 16% des 12-17ans y ont déjà été exposées et 17% des 6-11 ans !…et l’Europe, qui compte par exemple le nombre d’utilisateurs de Facebook le plus important, est loin d’être épargnée. Des experts présentent les résultats de leurs recherches, les diplomates prennent des notes qui leur serviront à étoffer leurs interventions et positions nationales au cours des prochains débats et la discussion s’engage entre ceux-ci et les ONGs qui partagent leurs avis et expériences de terrain.

La société civile joue bien plus qu’un rôle d’observateur dans ce forum ouvert. Les ONGS dotées d’un statut consultatif comme la World Youth Alliance peuvent organiser leur propre conférence. Les jeunes de la WYA ont cette année choisi de faire entendre leur voix sur le sujet important de l’accès à l’éducation et la connaissance en matière de santé reproductive ce mardi 1er mars. Invitée, le Docteur Miriam Grossman, auteur, médecin pédiatre et psychiatre renommée aux Etats-Unis est une chercheuse et ancienne praticienne à la Columbia University de New York, actuellement en résidence pour l’Institut de la World Youth Alliance. Celle-ci présentera son travail de développement d’un programme de formation à la santé reproductive « basé sur la connaissance » dans les Caraïbes. Ce programme est basé sur les dernières découvertes scientifiques et médicales destiné à permettre aux femmes et aux filles à prendre des décisions informées en matière de santé et de comportements sexuels et reproductifs. Par exemple, les récentes études au Royaume-Uni ont montré que les programmes de prévention des grossesses adolescentes fondés uniquement sur l’information et l’accès aux moyens de contraception et à l’avortement ont mené à une augmentation de 4% de grossesses chez les filles de 11 à 18 ans[i]. Face à cet échec et la multiplication des maladies sexuellement transmissibles chez les jeunes[ii], la communauté internationale, qui dispense les fonds importants dans ce domaine, est en quête de nouvelles pistes.

Pour la World Youth Alliance, toutes ces activités ont un seul et même but : promouvoir des politiques internationales compatibles et respectueuses de la dignité de la personne, et dans le contexte de CSW, de la dignité de la femme, en accord avec le 5ème des 10 Objectifs du Millénaires qui doivent être achevés d’ici 2015 : celui d’améliorer la santé des femmes en faisant diminuer le taux de mortalité maternelle[iii].

Il est 19 heures : l’équipe se rassemble pour faire le point, écrire les rapports à envoyer aux ONGs et diplomates rencontrés et publier des compte-rendus sur les blogs, pages Facebook et comptes twitter. Au cours de la nuit, ceux-ci seront diffusés et démultipliés à travers le monde via les 5 bureaux régionaux de la World Youth Alliance et le réseau de près d’un million de membres qu’ils représentent…la prochaine journée sera longue.

Ressources :

1. Site de la World Youth Alliance : www.wya.net; section en français : France.wya.net

2. Blog de la World Youth Alliance Europe et les « Esperanzas » publies quotidiennement : http://wyaeurope.blogspot.com/

3. Publication sous embargo jusqu’au 28 février 2011 à 19h: Esperanza du 28 février 2011, incluant une interview de Miriam Grossman (en anglais).

4. Vidéo sur une journée des stagiaires de la WYA (en anglais) : http://www.youtube.com/watch?v=bdP5X7e-B6Q

5. Site de l’ONU sur la 55eme Commission sur le Statut des Femmes : http://www.un.org/womenwatch/daw/csw/55sess.htm


[i] Rapport du UK Office for National Statistics and Teenage Pregnancy en 2009 sur la période 2000 – 2010

[ii] 43% des filles aux Etats-Unis découvrent en 1ere année d’université découvrent qu’elles sont infectées par le Papillomavirus humain ( Source : Gloria Ho et al, “natural history of cervicovaginal Papilomavirus infection in young women” New England Journal of Medicine 338 no7 (1998)) alors que le préservatif est très faiblement efficace contre ce virus, contrairement à certaines autres maladies sexuellement transmissibles, selon le American National Institute of Allergy and Infections Deseases et la brochure publiée par Miriam Grossman disponible sous le lien http://www.cblpi.org/senseandsexuality/activism/SNSbooklet.pdf.

[iii] Voir la Déclaration de la WYA sur la Sante Maternelle, New York 2010 dont l’extrait suivant est tiré :
« L’amélioration de l’accès aux soins de santé de base, la nutrition, aux traitements et à la
technologie sont des moyens supplémentaires par lesquels la mortalité et la morbidité de la femme peut être réduite et éliminée. Ces services pourraient être fournis de manière efficace et sans coûts excessifs. Par ailleurs, la priorité pourrait et devrait être axée sur la délivrance de ces services dans les zones rurales et les communautés isolées. Un système de soin de santé fondé sur une approche basée sur la connaissance donne le pouvoir aux femmes, en particulier une information adéquate sur la fertilité permet aux femmes de comprendre et avoir accès aux soins de santé de base ».


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